
L’ultra trail running suit son propre rythme circadien, un rythme qui n’est pas toujours régi par le soleil. C’est un sport qui ne s’arrête pas à la tombée de la nuit, refusant que l’absence de lumière soit un obstacle à la progression. Que ce soit en compétition, comme la plupart des courses d’ultra trail et celles qui commencent le soir, ou pour s’entraîner malgré un emploi du temps chargé, la plupart des traileurs finissent par se retrouver dans l’obscurité.
Cette expérience peut sembler déconcertante. Une des attractions de la course en pleine nature est l’ampleur visuelle qu’elle offre, une sensation d’infini qui peut devenir sublime. En l’absence de lumière naturelle, cependant, notre champ de vision se réduit à la portée de nos lampes frontales et à la lumière diffuse de la lune quand le ciel est dégagé. Courir la nuit peut être oppressant, certes, mais cela peut aussi être libérateur. Il y a une certaine puissance à courir pendant que le reste du monde dort, persistant malgré tout. L’obscurité devient simplement un autre défi à surmonter.
Comment choisir une lampe frontale ?
Pour de nombreux coureurs, les lampes frontales ne sont pas de simples accessoires ; elles sont aussi indispensables pour courir la nuit que de bonnes chaussures de trail le sont pour courir de jour. Pourtant, comme pour les chaussures, trouver la lampe qui répond le mieux à vos besoins peut être un processus complexe, noyé dans des termes techniques, des chiffres et des détails. Si le design des lampes frontales est resté assez stable depuis quelques années, avec des modèles à bandeau plutôt simples, la technologie d’éclairage a beaucoup évolué. Dans cet article, nous vous aidons à comprendre les éléments principaux à rechercher pour choisir une lampe frontale qui s’aligne avec vos besoins, vous permettant ainsi de courir dans l’obscurité en toute confiance.
Lumens / Puissance
D’abord, une définition non technique. Un lumen est l’unité de mesure utilisée pour décrire la quantité totale de lumière visible émise par une source, comme une lampe, une bougie, un flash, etc. Pour simplifier, considérez le nombre de lumens d’une lampe frontale comme une indication de sa puissance (maximale) ou de son intensité. La plupart des lampes pour le trail running offrent une plage entre 50 lm et 900 lm, la majorité se situant entre 200 et 600 lm. Les modèles plus puissants, proches de la limite supérieure de 900 lm, sont généralement plus lourds et coûteux que les modèles à faible intensité, qui, bien que moins lumineux, sont plus abordables et souvent plus confortables grâce à leur taille réduite.
Choisir une lampe en fonction de son nombre de lumens dépend de plusieurs facteurs, notamment de votre adaptation à courir dans des conditions de faible luminosité, de la technicité du terrain, de votre niveau de fatigue et de votre confort en matière de poids. Plus le terrain est technique et plus vous avez besoin de lumière pour être à l’aise la nuit, plus il est judicieux d’opter pour une lampe plus puissante. Les options moins puissantes ne transforment pas la nuit en jour, visuellement parlant, mais elles sont plus compactes, moins chères et plus simples. Pour les coureurs ayant peu ou pas d’expérience dans la course de nuit, commencer avec une lampe d’au moins 300 lm est une bonne idée.
Modes d’éclairage et paramètres
Si le nombre de lumens est un facteur important dans le choix d’une lampe frontale, il ne dit pas tout sur ses performances sur le terrain. Les avancées en matière de technologie d’éclairage ont permis d’augmenter la puissance lumineuse, mais c’est la possibilité de régler cette puissance grâce à différents modes qui marque le véritable progrès. Aujourd’hui, de nombreux modèles proposent jusqu’à 5 modes d’éclairage avec différents types de faisceaux, activables en appuyant sur un bouton, et quelques lampes haut de gamme, comme la Petzl Swift RL, disposent d’un éclairage adaptatif, ajustant automatiquement la luminosité et le faisceau en fonction de votre environnement. Le passage des ampoules halogènes aux LED a rendu ces options possibles. Les LED sont généralement plus économes en énergie et plus lumineuses, permettant aux lampes de fonctionner à des intensités élevées plus longtemps. La possibilité de réduire l’intensité peut aussi prolonger la durée de vie de la batterie.
Choix de la lampe frontale
Une autre caractéristique intéressante à considérer est la présence d’une lumière rouge. Bien qu’elle ne soit pas souvent un argument de vente principal, la lumière rouge peut être extrêmement utile. Elle émet une lumière plus douce que les faisceaux blancs, aidant à préserver la vision nocturne tout en fournissant juste assez d’éclairage. Elle peut aussi être utile en groupe, en évitant d’éblouir les autres coureurs. En outre, les lumières rouges consomment moins de batterie et ont donc une durée de vie plus longue, ce qui est un avantage pour les longues sorties en pleine nature. Pour ceux qui courent surtout en milieu urbain, de nombreuses lampes intègrent désormais une lumière rouge arrière, augmentant votre visibilité auprès des automobilistes venant de l’arrière.
Autonomie de la batterie et rechargeabilité
Vos objectifs d’utilisation doivent guider votre choix en matière d’autonomie de la batterie. Combien de temps comptez-vous passer dans l’obscurité ? Les modèles ultra-légers et ultra-compacts ont généralement une autonomie standard de 2 à 4 heures, ce qui est insuffisant pour les sorties nocturnes prolongées mais idéal pour la plupart des courses tôt le matin, en soirée ou plus courtes. Les lampes plus puissantes (au-dessus de 600 lm) peuvent avoir une autonomie de 6 à 12 heures, suffisamment pour passer une nuit complète sur les sentiers. Cependant, elles sont souvent excessives pour la plupart des courses nécessitant une lampe et peuvent être encombrantes lorsqu’elles ne sont pas utilisées (les modèles à forte autonomie comportent souvent un pack de batterie séparé, assez grand).
Avec le passage des ampoules halogènes aux LED, de nombreuses lampes sont passées des piles jetables (AA ou AAA) aux batteries rechargeables. La plupart des modèles actuels fonctionnent avec des batteries lithium-ion rechargeables via micro-USB. En pratique, les batteries rechargeables évitent l’achat de piles classiques, ce qui est plus pratique, économique et écologique en déplacement. Elles sont généralement plus légères et souvent plus puissantes que les batteries non rechargeables. Certaines lampes modernes, comme la Petzl Iko Core, peuvent accueillir les deux types de batteries, ce qui peut être utile si vous n’avez pas le temps de recharger ou si vous perdez souvent vos câbles USB.
Fit et Poids
Comme mentionné dans l’introduction, le design des lampes frontales en termes d’ajustement et de forme varie peu. La plupart des modèles utilisent un bandeau élastique réglable pour fixer la lampe au front de l’utilisateur. Les modèles plus lourds, comme la Biolite HeadLamp 800 Pro, tendent à avoir des bandeaux à deux parties pour une meilleure stabilité, et positionnent la batterie à l’arrière de la tête, alors que les modèles ultra-légers, comme la Petzl Bindi, peuvent se contenter d’un simple cordon élastique avec un bloqueur. Le poids reste le facteur principal influençant l’ajustement, allant d’environ 20 g à plus de 150 g pour les modèles plus puissants.
Bien que la plupart des lampes soient conçues pour s’adapter à toutes les têtes, trouver un modèle que vous pouvez fixer confortablement pour éviter qu’il ne bouge pendant l’effort est important. Quand vous doutez, privilégiez les options plus légères (pourvu qu’elles répondent à vos besoins en matière de puissance et d’autonomie). Vérifiez aussi la compatibilité avec les types de casques si vous prévoyez de l’utiliser pour d’autres activités comme le ski, l’escalade ou le vélo.